Quand
un jeune pêcheur capture une carpe de plus de dix kilos, il
peut avoir dans les mains un poisson plus âgé que lui.
La carpe est un des animaux qui vit le plus vieux dans la nature,
et il est vrai que pour survivre pendant toutes ces années,
elle a du apprendre à déjouer tous nos pièges.
Rusée et méfiante, elle connaît parfaitement
son milieu. Une fois piquée, elle va tenter l’impossible
pour essayer de casser le fil et de retrouver sa liberté
: foncer vers l’obstacle le plus proche, sauter hors de l’eau, se
retourner brusquement... Pour espérer la mettre au sec,
le pêcheur doit chercher à dominer aussi bien le poisson
que son propre comportement, car la moindre erreur est fatale...
Touches et ferrage
La touche et le ferrage qui doit en suivre,
dépendent entre autres du type de montage utilisé
et bien sûr du comportement spécifique du poisson.
Avec un montage autoferrant la touche se confond facilement avec
un départ, le poisson s’étant piqué seul dans
les secondes qui suivent l’engamage. Dans cette situation, le ferrage
ne sert pas à grand chose. Avec un montage coulissant,
il est fréquent de constater visuellement la touche : une
tension lente et progressive sur la ligne, l’écureuil qui
se relève sans précipitation. A cet instant précis,
la carpe se saisit de l’appât, sans pour autant être
piquée. Il faut réagir rapidement mais sans brusquerie.
Chaque geste doit être réfléchi, canne basse,
pick-up fermé, frein réglé juste à la
limite de rupture du nylon. L’amplitude et la puissance du ferrage
dépendent de la distance du poisson ainsi que de l’élasticité
du nylon. Une touche en retour se manifeste en règle
générale par quelques « bip » accompagnés
par l’abaissement de l’écureuil et ensuite il ne se passe
plus rien ! Dans ce cas-là, il convient de se saisir de la
canne, de la placer à 45° et de mouliner afin d’établir
rapidement le contact avec le poisson. Le ferrage s’effectue bannière
tendue, canne sensiblement inclinée sur le côté,
d’une amplitude proportionnelle à la distance séparant
le pêcheur de la carpe
Le combat
Le combat doit débuter le plus rapidement
possible. Il faut éviter que le poisson puisse atteindre
une vitesse suffisante et entraîner la ligne dans les obstacles
qu’il connaît parfaitement. Dans les premières minutes,
il ne faut surtout pas chercher à stopper la carpe qui va
dans ce cas déployer toute sa force sous l’impact de la piqûre
et de la peur et en conséquence, provoquer la casse immédiate
! Il convient de la ralentir progressivement en essayant toujours
de la déséquilibrer : si elle part vers la droite,
il faut pencher la canne vers la gauche et vice versa. La stratégie
consiste à lui faire décrire des allées et
venues, à bonne distance du bord. Car plus la distance entre
le pêcheur et la carpe est grande, plus l’élasticité
du nylon permet d’amoindrir les conséquences des possibles
erreurs de manœuvre. Le plus important est de conserver
le contact permanent avec le poisson. La canne est maintenue à
un angle approximatif de 45° par rapport à l’horizontale,
le fil forme un angle de 90° avec la canne. Ces deux éléments
se complètent et absorbent au mieux les à-coups occasionnés
par le combat. Dès les premiers signes de fatigue, commence
la phase de pompage qui consiste à faire passer la canne
d’un angle de 20° à 30° à une position quasiment
verticale, 80° à 90°. Pendant la descente de la canne,
l’excèdent de fil est récupéré rapidement.
Ensuite, moulinet bloqué, la canne est relevée jusqu’à
la verticale et ainsi de suite. Cette action va contraindre la carpe
à remonter vers la surface avant qu’elle ne s’approche du
bord.
La mise à l’épuisette L’épuisette
est positionnée dès le début de la partie de
pêche entre 5 et 10 mètres de la batterie, pour éviter,
lors de l’épuisage, tout emmêlement de dernière
minute avec les autres lignes restées tendues. Le filet
est introduit dans l’eau afin de le mouiller complètement,
il s’ouvre alors largement au lieu de flotter. Quand la carpe
arrive à 5 ou 6 m du bord, le frein légèrement
desserré et tout en conservant la tête du poisson hors
de l'eau, il convient de le faire glisser en surface en redressant
la pointe du scion. L’épuisette, tenue par la main gauche,
doit demeurer immobile durant toute cette phase. Sans précipitation,
le poisson doit y entrer sans être obligé de la déplacer.
L’épuisette n’est relevée qu’au moment où le
poisson est intégralement entré à l’intérieur
du filet.
La manipulation
Sitôt la prise réalisée,
la carpe est sortie de l’épuisette afin qu’elle ne perde
qu’un minimum de mucus lors du contact avec le filet. Elle est ensuite
déposée sur le tapis de réception, mouillé
préalablement. Il faut la décrocher sans attendre
mais en évitant de lui toucher les ouïes. Les branchies
très riches en sang sont très fragiles et le moindre
saignement débouche sur une issue fatale. Une chute serait
également lourde de conséquences. Le poisson de
petite taille est remis immédiatement à l’eau. Pour
immortaliser la prise des plus gros, la série de photos doit
être brève. Les poissons fatigués par le combat
supportent mal les minutes d'exposition, surtout en plein soleil.
Le sac de conservation noir est excellent après un combat
rude, le poisson peut y récupérer tranquillement,
au calme, avant d’être libéré. Mais en aucun
cas il ne doit retenir prisonnier une carpe durant plusieurs jours,
ni plusieurs poissons à la fois. Leurs chances de survie
seraient considérablement diminuées par une conservation
prolongée ou faite dans des conditions difficiles
|
|